mercredi 13 juillet 2011

Cap sur la durabilité des CAJAC

La levée de fonds était l’unique sujet inscrit à l’ordre du jour lors de la rencontre des Centres d’assistance juridique et d’action citoyenne, CAJAC, du programme francophone de la Commission européenne et d’autres structures identiques de quelques pays anglophones d’Afrique le 24 juin 2011 à Accra au Ghana. La réunion se tenait en marge du conclave annuel des sections Afrique et Moyen-Orient de Transparency International.





3 ans, c’est presque demain matin ! C’est la durée des financements de l’Union Européenne dans les caisses des CAJAC. Le délai arrive à échéance en décembre 2012. Or, la prise de position de Transparency International est sans appel. Les CAJAC doivent survivre à cette date et à des considérations d’intendance. Ses priorités stratégiques, notamment la mobilisation citoyenne, l’érigent en un impératif catégorique. Mais le bailleur majoritaire ne garantit pas la signature d’un nouveau contrat au terme du programme triennal CAJAC. Par conséquent, il est question de cesser d’attendre la tombée de la manne d’un ciel nuageux. En d’autres termes, les CAJAC doivent passer à l’offensive (de charme).  La pro-action est la voie obligée. Il faut vaincre les tensions de trésorerie si elles s’affirment comme futurs obstacles. La cible commune devient alors l’autonomie financière et la durabilité.

Le problème des CAJAC est donc posé. Il reprécise la nature desdites structures. Elles ne sont pas des projets ordinaires. Ce sont quasiment des programmes. Mais leur mode de gestion reste dominé par l’approche projet : élaboration, mise en œuvre et évaluation. Les CAJAC sont étalés dans la durée et échappent au conjoncturel. Des pays comme le Ghana s’apprêtent à les fondre dans l’organisation interne de la section nationale. En réalité, les Centres en question sont le bras armé de Transparency International en matière de propagation du message de lutte contre la corruption. C’est l’instrument structurel tout trouvé pour le grand rassemblement des masses. Il donnera de dénoncer les victimes et témoins d’actes de corruption même à tue-tête, s’il le faut. Les CAJAC sont invités à se donner les moyens de leur ambition annoncée. Il s’agit d’haranguer les foules dans la rue sans pour autant verser dans une ruée immonde et l’anarchie. En effet, le respect de l’ordre établi, de la législation du pays et de la culture de la paix reste de rigueur dans les principes directeurs du mouvement mondial.



Ambition et mission légitimes

Le CAJAC de Transparency International-Cameroon veut aller loin ; bien au-delà du bornage temporel ou historique de décembre 2012. Il en a les arguments. Les titres de triste mémoire de champion du monde de corruption des années à soustraire des calendriers camerounais constituent un support de travail.  La campagne d’assainissement des mœurs publics et de  gestion de l’intérêt général dite « opération épervier » a son lot de personnalités écrouées. Elle offre au CAJAC de se construire un avenir. La corruption individuelle se généralise, malheureusement, dans le secteur des éducations primaire, secondaire et universitaire, de la santé, des services de sécurité, de la justice, de la douane ou des forêts. L’énumération effleure à peine l’exhaustivité des domaines entachés des dérapages et autres bavures de gouvernance. Elle attribue surtout au CAJAC une espérance de vie de 100 ans encore, pas moins.







Rôle des sections nationales

L’urgence de la durabilité, d’après l’un des facilitateurs, Servass Feirtag, est l’engagement des sections nationales. A son avis, leur premier souci est de s’investir dans les projets de co-financements des CAJAC. C’est l’exigence du bailleur. Il y va de la prospérité du projet-programme. Cependant, les CAJAC sont dotés de personnels parfois surqualifiés au sein des sections nationales. A ce titre, il leur revient de consacrer un minimum de leur génie à des fonctions de conquête de co-financements. Une autre facilitatrice de l’atelier, Laura Granado, acquise au pragmatisme, arrête les délais d’action de levée de fonds. Le 15 juillet est la date butoir de soumission d’un plan-projet de fundraising. 60 jours après, chaque CAJAC aura achevé la ronde d’au moins 5 bailleurs potentiels. Le même jour va se confondre avec la défense d’un minimum de 3 projets banquables. Le secrétariat international manifeste toute sa disponibilité. Il tient à accompagner les offres issues des CAJAC francophones. Les experts des finances, de relecture de projets et d’évaluation de budgets sont disposés à assurer la révision des propositions éventuelles à la hausse. Les facilitateurs insistent sur l’entretien des rapports d’amitié avec les bailleurs. Les postulants apprennent à connaître et à comprendre les centres d’intérêts des bienfaiteurs. Ils évoluent au gré des priorités et des orientations en renouvellement perpétuel et des humeurs de la marche du monde.

Cependant, les rapports d’amitié sont dissociables avec les relations dominant-dominé. Dans leur démarche, les CAJAC gardent à l’esprit leur considération et importance propres aux yeux des bailleurs. Par ailleurs, l’acceptation du refus d’un financement n’est pas synonyme de rejet éternel. C’est l’occasion d’une remise en cause éclairée. Elle aide à mieux rebondir. La tactique exige de relancer les donateurs sans cesse.



Mention honorable

Les CAJAC se sont soumis à des exercices pratiques de levée de fonds. L’opinion des facilitateurs est favorable quant à l’éventualité de la production des résultats probants. La possibilité d’élargir le spectre au reste de l’Afrique se précise. L’hypothèse d’une rencontre continentale des CAJAC anglophones, francophones et même arabophones est déjà envisagée. Le lancement des CAJAC dans d’autres pays comme le Mali ou le Burkina Faso aura eu lieu. La ville de Niamey au Niger s’apprête à accueillir d’autres travaux en septembre 2011. Il s’agira soit du plaidoyer, soit de la mobilisation citoyenne. L’Île Maurice est en embuscade. Le pays pourrait bien ravir la vedette au Niger. Ce serait le cas si le dernier cité venait à battre son « rival » sur le terrain de la sécurité des personnes et des biens. En somme, le Niger accuse un déficit de stabilité surtout dans le sens de la protection des expatriés. Le fantôme des Français enlevés dans la capitale hante encore les esprits. La libération de leur compagnon malgache accentue ces doutes. Enfin, la perspective des congés sous les cocotiers pourrait servir d’arbitrage ultime et faire basculer la balance en faveur du « challenger ».



         Télesphore Mba Bizo à Accra




Décennie de la mobilisation citoyenne

Les sections nationales d’Afrique et du Moyen-Orient du mouvement Transparency International ont mis fin à leur conclave le 23 juin 2011 à Accra au Ghana au terme de 4 jours de travaux.



La mobilisation citoyenne est le défi à retenir d’Accra 2011. C’est la priorité stratégique no 1. Elle conforte d’ailleurs les propos de la Présidente de Transparency International, Huguette Labelle. « C’est pourquoi notre Stratégie ti 2015  est axée sur les individus. Nous nous n’engagerons plus jamais aux côtés des populations car, en fin de compte, elles seules peuvent arrêter la corruption. Nous travaillerons à mettre un terme à l’impunité ». En d’autres termes, les citoyens sont fondés de se dresser contre la corruption. A cet effet, Transparency International compte stimuler et soutenir l’émergence des mouvements sociaux. Des millions d’individus devront se mettre debout et marcher pour dénoncer ledit abus.



Quadriller l’Afrique

La mobilisation citoyenne en Afrique suggère une reconquête du continent. Le mouvement dispose d’à peine 20 sections nationales en Afrique. L’Afrique centrale n’en compte que une. Des pays comme le Nigeria et l’Afrique sont désormais hors-course. Les ramener à la maison est un impératif. Cette démarche interpelle le secrétariat international de Transparency à Berlin en Allemagne. La révision des conditions d’accréditation est réalisable à court ou à moyen terme.



Kenya : meilleur élève de Transparency International

La mise sur pied des projets sous-régionaux est également une alternative crédible. L’Afrique de l’Est a de l’avance sur les autres régions. Elle publie tout un baromètre sur la corruption. Le Kenya, comme locomotive, met d’autres projets sur rails.

La démarche kenyane interpelle Transparency International-Cameroon. Ladite section est solitaire en Afrique centrale. Elle est invitée à travailler main dans la main avec le secrétariat international. C’est notamment dans le sens du développement d’autres associations nationales dans la sous-région. Le Gabon et le Tchad sont des priorités. Des contacts antérieurs existent. Il est question de les réactiver. La stratégie de mise sur pied des projets horizontaux est à même de mener à la réalisation de cet idéal de grossissement du mouvement presque vieux de 20 ans en termes de volume et de qualité.



Communauté d’intérêts entre Gabon, Tchad et Cameroun

Le Gabon, le Tchad et le Cameroun ont des points de convergence capables de fédérer les intérêts de gouvernance. D’abord, ce sont tous des pays pétroliers. Ensuite, le Gabon et le Cameroun ont en partage les mêmes ressources forestières. Une sorte d’identité des peuples, notamment ceux du Grand-Nord gabonais et ceux du Grand-Sud camerounais, rapproche davantage les deux pays. Or, qu’il s’agisse du pétrole, du cacao, du café, du coton, du bois ou du maïs diversement produits dans un Etat comme dans l’autre, la gouvernance des ressources naturelles suscite une discorde. Par conséquent, la question de la qualité de la gestion des ressources naturelles peut devenir la niche de Transparency International en Afrique centrale.



Déterminer les niches

Il s’agit des créneaux d’intervention porteurs, en d’autres termes. Ce sont des sortes de ruptures et dysfonctionnements constatés dans les circuits de gouvernance. Transparency International, avec l’apport des chapitres nationaux concernés, peut choisir d’ériger le redressement de la faillite de gouvernance en objectifs à atteindre dans des délais à déterminer.

La niche est extensible à d’autres centres d’intérêts poreux en matière de gouvernance en Afrique centrale. C’est le cas des aides d’urgence et de l’assistance humanitaire.  En réalité, la gestion des catastrophes naturelles ou humaines est souvent un autre gros accident. Les fonds d’aide échappent le plus souvent par des poches privées. S’il faut y adjoindre des niveaux couverture sanitaire et de sécurité sociale proches de zéro, c’est le mort assurée. Pour Transparency International, il n’y a que du travail à faire en Afrique centrale.



Gouvernance environnementale comme niche

Même l’environnement est un créneau d’intervention. Les changements climatiques ne sont pas l’apanage des environnementalistes. Ils posent également des questions de transparence dans la gestion. Le monde mobilise les fonds pour sauver la planète chaque année. Mais le destin des efforts des contribuables est souvent peu retraçable. Les domaines, les conflits fonciers et les politiques agraires étaient encore au-dessus des soupçons dans la scène internationale. Ils sont désormais au-dessous de toutes les magouilles et scandales de corruption.  Transparency International est déterminé à y voir plus clair dans les jours à venir.

L’ambition s’inscrit dans la perspective de deux résultats liés de manière intime. D’un côté, c’est une application plus accrue des lois et des normes à travers le monde. De l’autre, il s’agit de respecter le principe de tolérance zéro en matière de corruption. Autrement dit, l’impunité est contrainte d’amorcer une fin de règne.



Pour un monde assaini

Cette situation suppose un système judiciaire affranchi des tentatives de manipulation. Le mouvement entend faire pression pour plus de transparence. Il souhaite donner à la presse, à la société civile et aux citoyens des arguments d’évaluation du système judiciaire. En retour, Transparency International compte s’investir dans un vaste programme de plaidoyer. Il va porter sur l’obtention des conditions de travail décentes pour les magistrats et autres commis de justice.

Le mouvement fait une fixation sur les valeurs. Elles sont la transparence, l’intégrité, la redevabilité, la solidarité, la justice et la démocratie. C’était le mot de fin de Chantal Uwimana, la Directrice Afrique et Moyen-Orient de Transparency International.



Télesphore Mba Bizo à Accra